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Penser la ville contemporaine:

Changements climatiques et impacts sur l’adaptation des villes et territoires

 

Par Dhouha Kefi

La population mondiale de nos jours vit et travaille de plus en plus dans les villes et est soumise au climat urbain. Jusqu’au 20ème siècle, ¨la climatologie urbaine reste marginale dans la production scientifique car le réseau de stations météorologiques de l’Office météorologique mondial ne répond à des normes de mesures ni urbaines ni rurales¨ (Tabeaud, 2010), pourtant les facteurs urbains comme la hauteur du bâti ou la largeur des rues peuvent modifier les caractéristiques de l’air.
L’urbanisation et l’industrialisation jouent un rôle important dans les changements climatiques, les matériaux utilisés dans les villes sont généralement imperméables et on ne trouve pas assez d’espaces verts dans nos centres-villes. ¨la ville absorbe pendant la journée 15 à 30% d’énergie de plus qu’un aire non urbaine.¨ (Tabeaud, 2010). Les matériaux de revêtement, les éclairages publics et privés, les industries, les véhicules et les immeubles chauffés en hiver dégagent de la chaleur, et l’évapotranspiration des plantes n’est pas suffisante pour rafraichir l’air. Ce réchauffement des villes a des conséquences sur les précipitations et sur l’humidité de l’air c'est-à-dire sur le cycle de l’eau. Le transport aussi a un grand rôle dans ces changements climatiques dans la ville.
Dans une même région, le climat de la ville est différent du climat rural, et cela s’accentue plus la population de la ville est plus élevée. Le climat de la ville dépend de sa position par rapport au relief, aux forêts ou encore au cours d’eau présents aux alentours.
Le souhait d’un environnement sain devient de plus en plus une priorité dans la planification de la gestion urbaine. Les architectes et les urbanistes se mobilisent pour améliorer la qualité de vie dans les villes et utilisent des techniques pour emmagasiner la chaleur, isoler les bâtiments du froid extérieur ou encore évacuer l’air chaud vers l’extérieur. Mais toutes ces techniques coutent énormément chères, qu’elles ne

peuvent être appliqué que dans les pays riches.


Quelles sont les différents enjeux des changements climatiques? Peut-on créer des villes durables et des villes post-carbones? Les villes peuvent-elles générer des ressources particulières face au problème du réchauffement climatique? Comment peut-on s’adapter aux changements climatiques et au développement durable? Quels sont les projets de développement durable qu’on peut appliquer?


Les mesures de lutte contre le réchauffement climatique sont nombreuses et touchent plusieurs domaines tels que l’architecture, l’urbanisme, la gestion des ressources naturelles et les transports, ces mesures ont des conséquences positives sur le climat local et global. Ces mesures, en plus de favoriser la fraîcheur dans les milieux urbains, elles contribuent à la réduction de la demande en énergie et la diminution de la pollution de l’eau et de l’air. On peut classer ces mesures en différentes catégories :


- La végétation
En effet plusieurs études ont démontré l’importance de la végétation dans la lutte contre l’effet des îlots de chaleur urbain. La végétation procure de la fraîcheur à travers différents processus, tels que l’ombrage et l’évapotranspiration. Elle a aussi plusieurs avantages dans les milieux urbains tels que ; l’amélioration de la qualité de l’air en absorbant le CO2 et en dégageant l’oxygène, l’amélioration de la qualité de l’eau par la rétention des eaux de pluie, elle aide à contrôler l’érosion. La végétation a aussi des bienfaits sur la santé, car elle protège contre le rayonnement ultraviolet et réduit le stress dû à la chaleur. Au Québec, il est préférable de choisir des végétaux à feuillage caduc afin de minimiser l’ombrage pendant la saison hivernale pour avoir le maximum de rayonnement solaire souhaité. La stratégie urbaine de végétalisation vise à augmenter l’indice global de végétalisation dans une ville. La densification se fait sur de nombreux espaces tels que, les espaces publics, les espaces privés et le long des axes routiers, aussi sur le pourtour et à l’intérieur des espaces de stationnements afin de créer de l’ombre qui permet de protéger les revêtements des variations thermiques et prolonger leur durée de vie. L’aménagement du pourtour des bâtiments permet de le protéger des rayonnements solaires, aussi les murs et les toits végétalisés  permettent de diminuer considérablement la température intérieure, garder le sol frais et minimiser le rayonnement solaire direct. 


- L’infrastructure urbaine
Il est recommandé d’utiliser des matériaux à réflectivité et émissivité élevée afin de minimiser les risques «d’emmagasiner de la chaleur et de la diffuser dans l’atmosphère ou à l’intérieur du bâtiment» (Mesures de lutte aux îlots de chaleur urbains, 2009). L’isolation et l’étanchéité sont des paramètres qui sont plutôt associés au climat froid, mais ils assurent aussi le contrôle de la température à l’intérieur du bâtiment en évitant la pénétration du froid ou de la chaleur. Cette isolation n’est assurée que lorsque le bâtiment ne présente pas des défauts de conception de l’enveloppe isolante.  Le vitrage est un élément critique pour l’isolation thermique d’un bâtiment, néanmoins, on peut l’améliorer en utilisant un vitrage antiémissif intelligent qui peut minimiser considérablement l’apport solaire à l’intérieur d’un bâtiment, ou un vitrage double ou triple avec lame d’air qui peut réduire les échanges de chaleur. On peut aussi utiliser les films plastiques autocollants qui peuvent réduire jusqu’à «98% le rayonnement UV et 75% la chaleur thermale» (Mesures de lutte aux îlots de chaleur urbains, 2009).Les protections solaires qui sont des dispositifs qu’on installe autour des fenêtres peuvent également en plus de la végétation bloquer l’entrée des rayons solaires à l’intérieur des bâtiments tout en permettant l’entrée de la lumière. 
Les urbanistes peuvent aussi contribuer à améliorer la qualité de vie des citadins en proposants des aménagements urbains qui visent à procurer, une bonne circulation des vents surtout pendant la période estivale, une bonne répartition des espaces verts afin de faciliter l’accès, une mixité des fonctions qui permet de favoriser le transport actif réduire l’utilisation de l’automobile. Créer des installations de rafraîchissement peut aussi être un bon moyen pour soulager la population de la chaleur, tels que les bassins et les fontaines, car ils ont un rôle de tampon thermique, l’eau s’évapore et peut ainsi rafraichir l’air ambiant.


- La gestion des eaux pluviales
Plusieurs pratiques de la gestion durable de l’eau pluviale existent afin d’assurer une humidification du sol et une disponibilité d’eau pour les végétaux. Les aménagements végétalisés et les toits verts ont une capacité de capter de grandes quantités d’eau pluviale par l’infiltration. Les revêtements perméables permettent aussi l’infiltration de l’eau tels que le gravier, les dalles imperméables qu’on peut disposer les unes contres les autres pour permettre à l’eau de percoler entre les joints, les dalles de béton poreaux et les structures qui permettent l’engazonnement. Les jardins pluviaux permette de réduire le ruissellement de l’eau et de la diriger vers le réseau de drainage des eaux pluviales afin de permettre l’infiltration au sol. Les bassins de rétention sont des aménagements similaires aux jardins pluviaux mais de plus grande dimensions. Les tranchées de rétention qui peuvent recueillir l’eau, elles sont recouvertes de revêtement perméable, et peuvent aussi jouer le rôle de voies automobiles ou piétonnes. Les chaussées à structure réservoir, qui ne demandent pas un espace supplémentaire, elles sont constituées de pavés poreaux et peuvent facilement s’intégrer au milieu urbain.


Projet Nodélo
C’est un projet d’écoquartier situé à Charlesbourg à Québec, il est situé à proximité du centre-ville de Québec en bordure de l’autoroute 73, il a été conçu de manière à procurer un développement résidentiel et commercial unique. Le projet a favorisé les espaces verts qui s’étalent sur 53% de la surface du quartier, avec un immense parc qui se situ au centre vers où convergent toutes les activités. Le quartier comprend différents typologie de logement : des lofs, des condos et des maisons de ville. Les logements qui se trouvent en bordure de l’autoroute seront adossés à une zone tampon verte de 30 mètres afin de minimiser l’impact sonore. Le projet offre une mixité de fonctions et de services de proximité avec une longue piste cyclable et un sentier pédestre afin de privilégier le transport actif, aussi un accès facile au transport en commun, et des stationnements souterrains seront mis en place.
Un système de récupération des eaux de pluie sera mis en place afin d’alimenter les toilettes, ce qui peut réduire la consommation de 30%. Un système de préchauffage de l’eau sera installé ce qui permettra de réduire de 40% la production de l’eau chaude. Un système pneumatique de récupération des déchets sera utilisé dans un cadre écoénergétique qui permet d’aspirer les déchets jusqu’à l’usine à proximité ce qui réduira de 50% le transport, qui peut être considéré comme une économie pour la ville dans la gestion des déchets.  

  
Références   
Institut nationale de la santé publique du Québec, Mesures de lutte aux îlots de chaleur urbains, 2009. 
Martine Tabeaud, «Climats urbains» Savoirs experts et pratiques sociales, 2010.
Véronique Peyrache-Gadeau et Bernard Pecqueur, Villes durables et changements climatiques : quelques enjeux sur le renouvellement des ressources urbaines, 2011.
http://www.lapresse.ca/le-soleil/actualites/environnement/201205/30/01-4529867-projet-nodelo-des-reservations-pour-lecoquartier-des-juin.php

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